Au 31 janvier 2020, lors de l’audience solennelle, Serge Faguier, 61 ans, ex-imprimeur à la retraite à Château-Gontier, quittera ses fonctions de président du tribunal de commerce de la Mayenne. Un poste qu’il occupait depuis 2013. Ce dernier dresse un bilan de sa “mandature”.
J’ai été élu juge en 2001 après avoir fait acte de candidature. Pour être juge, il faut être inscrit au registre de commerce et mandataire social cadre dirigeant depuis plus de cinq ans.
« La détresse de certains chefs d’entreprise »
Puis, en 2013, Serge Faguier est élu président du tribunal de commerce, après avoir été pendant deux ans vice-président :
Mon rôle a consisté à veiller au bon fonctionnement du tribunal », fort de quatorze juges. Ce qui m’a le plus marqué durant ces sept années, c’est la détresse de certains chefs d’entreprise, qui perdent tout au moment de la liquidation, qui sont désespérés au point de penser au suicide
Serge Faguier observe que :
Les chefs d’entreprise viennent souvent trop tard frapper à la porte du tribunal.
Cela a conduit les juges, en 2015, à rejoindre le réseau national Apesa (Aide psychologique pour les entrepreneurs en souffrance aiguë).
Ont été formées des sentinelles en contact avec les entreprises, chargées de détecter les signes d’alerte chez les entrepreneurs, un service gratuit. Plus de quatre-vingts chefs d’entreprise en ont bénéficié entre 2016 et 2020, ce qui est énorme.
« Le tribunal fait toujours peur »
S’il relève moins de défaillances des entreprises, Serge Faguier déplore cependant que les entrepreneurs ne viennent chercher de l’aide qu’au moment de la liquidation judiciaire :
Le tribunal possède les outils pour prévenir la liquidation (mandat ad hoc, conciliation, sauvegarde). Je suis amer de constater que la prévention ne fonctionne pas malgré l’existence du centre d’information et de prévention des difficultés des entreprises. Le tribunal fait toujours peur. Les chefs d’entreprise ne mesurent pas toujours à quel point la situation est grave, sauf le banquier qui prend alors des garanties supplémentaires.
Chaque année, le tribunal de commerce de Laval traite environ 150 dossiers en contentieux (litiges) et 120 procédures collectives (défaillances, jugements en sauvegarde...).
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