À l'origine, la fête des moissons, à Angrie, c'est une idée née de la collaboration entre le comité des fêtes et l'école. "Un jour, mon cousin Alain Chevillard revient d'une fête aux battages en Mayenne. Il me dit : "C'était noir de monde !" Et là, déclic : il fallait faire la même chose ici, avec une locomobile à vapeur", se remémore Yves Robert. Avec son frère, Alain Robert, ils sont à l'origine de la fête.
L'entreprise Renou d'Aviré a prêté le matériel et, dès janvier 1974, on en discute avec la famille Robert. Une première réunion est organisée par Alain Robert : " Si on est moins de 100, on laisse tomber, se disait-il à l'époque. Finalement, on était 120 ou 130." L'aventure associative était lancée. Pendant dix ans, la fête se tient sur les terres d'Yves Robert. Puis elle déménage à La Canterie, avec l'implication de René Chevillard et la naissance de l'ARMMA en 1984.
Un engagement total
"On n'avait pas un sou. On a avancé sur nos fonds propres, restauré le matériel", indique Yves Robert. "On a investi dans la salle Saint-Pierre, acheté la maison du comité et le terrain de l'Arche", ajoute Alain Robert. "On allait partout en quête d'équipements, souvent en Bretagne, rentrant parfois à 3 h du matin. Mais l'accueil était toujours chaleureux. La commune était soulagée, les gens ravis", se plaisent à dire les deux frères.
Un jour, ils vont récupérer une petite locomotive au parc de l'Isle Briant. Un certain Ventroux leur montre comment la faire fonctionner. Elle est toujours là, dans les hangars de la fête, propriété du Département.
"Un 1er novembre, à la sortie de la messe, Louis Loisel nous apprend que deux locomobiles sont chez un ferrailleur en Normandie. Joseph Chevallier part à 2 h du matin avec son tracteur pour en récupérer une. On l'achète 995 000 francs. Elle pèse six tonnes et servait autrefois à alimenter une scierie." Alain Robert, qui dispose de l'outillage, obtient l'habilitation préfectorale pour la faire fonctionner : " Elle consomme 800 à 1 000 litres d'eau, et marche au bois ou au charbon."
Une fête populaire
La Dofriga de Saint-Florent-le-Vieil fournit la charcuterie. " Un jour, ils nous livrent même un 19 tonnes ", se souviennent les deux frères. La fête attire entre 8 000 et 10 000 personnes, les voitures se garent très loin et les visiteurs arrivent en file humaine. Jusqu'à 20 postes de péage seront installés. Les billets de banque étaient stockés dans des sacs à blé, cachés avant d'être déposés à la banque.
"En 1977, on vend 53 barriques de boissons, dont 10 de cidre", relève Yves Robert. Alain Robert se souvient avoir fait de la pub par hélicoptère dans cinq départements. En 1978, la fête atteint son apogée : 13 500 entrées payantes.
Malheureusement, La Canterie ne veut plus de fête foraine. La fête y restera tout de même jusqu'en 1999. Yves Robert regrette la disparition des démonstrations de travaux agricoles anciens : fauchage à la faucille, labours avec bœufs ou ânes...
La première couverture télé vient de Paris avec INF2. Ensuite, toutes les chaînes viendront faire un reportage. À Angrie, on venait de toute la France. Yves Robert ne peut s'empêcher de ressortir ses cassettes de souvenirs. Il est fier d'avoir réussi ce pari un peu fou. Alain Robert, passionné de véhicules anciens, se plaît à rassembler tous les ans une cinquantaine de collectionneurs.
Le défilé des moissonneurs, vers 14 h, le dimanche, reste un moment fort pour le public et les acteurs.
Yves pense avec émotion à Jacky Thierry, disparu trop tôt. "Il s'occupait à merveille du matériel et de la locomobile."
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