Frisbee est un croisé border collie. Julie Marchand l’a adopté à la SPA à l’âge de deux ans. Elle l’a alors formé pour qu’il l’aide auprès des personnes âgées à travailler la mémoire, l’attention, le cerveau, l’équilibre, la planification, l’organisation, etc. « On peut tout travailler », résume la jeune femme.
Julie Marchand a réalisé sa thèse sur le sujet, puis passé une formation qui lui a donné le statut d’intervenante en médiation animale.
Elle a d’abord habitué Frisbee à sa table de travail. Puis à rester calme, à répondre aux ordres, etc. Un travail de longue haleine dont peuvent aujourd’hui profiter les résidents de l’éhpad de Craon. Elle y vient une fois par semaine, le vendredi, pour dispenser ses séances en utilisant Frisbee. « Mais il faut faire attention et respecter son bien-être. Il doit avoir des pauses. Tous les quarts d’heure, il doit couper. »
« Frisbee a ce côté
magique de catalyseur »
Sur la table, Frisbee s’allonge, reste calme pour servir de support à des exercices bien agréables : caresses, brossage... « Pour travailler la mémoire par exemple, on demande au résident de caresser trois fois l’oreille gauche, trois fois la patte droite, puis trois fois la nuque. On peut varier le nombre et les endroits. Pour la personne qui a été victime d’un AVC, on peut insister davantage sur une zone qu’elle développe moins pour la stimuler justement. Pour l’équilibre, on peut régler la hauteur de la table. On use aussi de parcours de mobilité où le résident promène le chien. »
Julie Marchand voit les résultats rapidement. « Frisbee a ce côté magique de catalyseur. Avec lui, les résultats sont plus rapides. De plus, il aide à mettre en confiance le résident car d’autres exercices consistent à donner des ordres au chien “assis”, “couché”, “debout”, “fais la révérence”, “donne la patte”, etc. Le fait que le chien y réponde, gratifie la personne. Avec Frisbee, on est autant dans le travail que dans le plaisir. »
Frisbee : utile, plaisir, gratifiant...
à suivre la séance avec Yvette Marchand, une résidente, la complicité est évidente. « J’adore car il me regarde quand je lui parle. Il m’écoute », explique-t-elle. Yvette a eu des chiens et aime retrouver ce lien.
Frisbee permet aussi d’atteindre des personnes qui ne seraient pas venues sans sa présence. Julie Marchand l’a vu très vite. « Avant de lancer ces séances et demander l’autorisation, j’ai d’abord présenté Frisbee aux résidents, pour voir si cela passait. Certains en fauteuil qui ne bougeaient plus trop, en voyant Frisbee faisaient l’effort de tendre la main. Les soignants n’en revenaient pas. » Et mine de rien, ces petits gestes/efforts changent tout. « Rien que le fait de le caresser fait travailler l’ouverture de la main, des doigts et ça, ce sont des gestes simples dont vous avez besoin au quotidien pour enfiler un gant de toilette par exemple. Certains résidents gagnent ainsi en autonomie. »
« Frisbee est une vraie éponge »
Les séances lancées en janvier dernier connaissent un vrai succès. Elles sont soit individuelles soit en groupe de deux ou trois avec d’autres professionnels comme une psychomotricienne et un kinésithérapeute.
Frisbee s’adapte complètement aux résidents. « Il n’a pas du tout le même comportement avec les résidents qu’avec les agents. Je pense que cela vient de ma posture à moi. Je suis beaucoup plus dans la bienveillance avec les résidents et il le ressent et s’en imprègne. Frisbee est une vraie éponge. Les séances le fatiguent. Quand je rentre le vendredi soir, il est usé. »
La jeune ergothérapeute a aussi le projet (en lien avec le centre équestre) de mettre en selle des résidents.
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