Longtemps pilier essentiel de la construction européenne, la Politique agricole commune (PAC) est désormais vouée à se dissoudre dans une politique environnementale élaborée depuis Bruxelles par les équipes d'Ursula von der Leyen. Renouvelée l'an dernier après les élections au Parlement européen, la Commission européenne qu'elle préside fait toujours l'objet de critiques portant sur sa gouvernance et sa légitimité. Avoir confié les affaires agricoles du continent au commissaire luxembourgeois, aussi compétent soit-il sur le papier, n'a pas fini d'intriguer les observateurs. Cette nomination, jugée éloignée des réalités du terrain, cristallise les tensions entre institutions bruxelloises et monde rural, déjà fortement secoué par la montée des exigences environnementales.
Les annonces concernant l'évolution de la PAC pour la période 2028-2034 laissent entrevoir une baisse de 22 % des aides directes versées aux agriculteurs européens pour leur permettre de demeurer compétitifs au plan mondial. Elles passeraient ainsi de 387 à 300 milliards sur six ans. La production agricole voit sa spécificité effacée au profit d'une vision purement économique, contrariée de surcroît par des considérations environnementales et climatiques dictées par un lobby écologique intrusif bien plus que par la réalité d'un monde agricole européen confronté à bien des difficultés. D'autant plus que cette annonce s'est faite en plein débat sur l'ouverture du marché européen aux exportations agricoles sud-américaines, via un accord de libre-échange avec les pays du Mercosur qui déchaîne bien des passions. La combinaison de ces facteurs alimente un profond malaise chez les agriculteurs, qui redoutent une marginalisation progressive de leur métier et un affaiblissement durable de la souveraineté alimentaire européenne.
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.