Imaginez-vous vivre sans chauffage, sans lumière, sans voiture, sans téléphone portable, sans ordinateur, sans wifi, sans télévision, sans réfrigérateur...
C’est le quotidien d’Yves Brillet, 70 ans, originaire d’Armaillé (49), qui est revenu vivre à Craon, chez son frère et sa belle-sœur, dans une maison à côté de la leur, pour fuir ondes et électricité.
«Je suis prêtre. Après huit ans dans le diocèse de La Rochelle, je suis parti à La Chapelle-Saint-Luc, près de Troyes, pour vivre dans une nouvelle communauté. Et puis un jour, alors que j’étais au milieu d’un groupe de 50 personnes dans l’église, lors d’une prière, j’ai ressenti comme une pluie d’ondes me tomber dessus. Je me sentais m’alourdir.»
Des sensations de brûlures l’envahissent dans la bouche. «J’avais eu quelques signes avant-coureurs. Quand je restais trop souvent au portable ou au téléphone fixe, ça me brûlait le palet et la langue».
Depuis ce jour, toute proximité avec une onde, un champ magnétique ou électrique est un vrai calvaire. «Cela me meurtrit le dos et les épaules, me brûle, et me provoque une forte fatigue.»
Un spécialiste de Lyon le diagnostique EHS.
Un lit Faraday, pas de lunettes, une bougie à pile...
Pour moins souffrir l’homme quitte sa communauté «car ça devenait invivable. Le presbytère dans lequel je vivais était à 250 m d’un château d’eau qui accueillait des antennes.» Il essaie plusieurs appartements pour s’installer finalement à Craon, en campagne.
Dans sa maison, il vit quasiment sans chauffage. «Je ne peux l’allumer que quand je ne suis pas là…» Son frère lui installe un insert. «Mais je suis aussi chimico-sensible, l’odeur m’incommode. » Pas de lumière non plus : Je n’utilise qu’une bougie à pile». Il ne peut s’alimenter correctement. «Le frigo est débranché. Ma famille me fournit les repas.» Fini les lunettes aussi. «Les branches métalliques agissent comme des antennes.» Prendre la voiture est difficile. «Cela m’exténue et me brûle.»
Il porte une casquette et un foulard spéciaux qui le protègent. Il dort dans un lit Faraday avec une protection de voiles en fil de cuivre et relié au sol. Seules les douches ou les promenades hors zones urbaines, le soulagent.
Ses journées restent compliquées car il habite à proximité d’une ligne électrique et d’une route. Il lit et écrit aux autres personnes souffrant comme lui d’hypersensibilité. «Un réseau s’est créé en France».
Le plus dur reste «l’incompréhension des gens» face à une maladie invisible «et le fait qu’il n’y a pas de traitement.»
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