En organisant le Printemps des poètes, avez-vous le sentiment que l’événement joue son rôle, celui de rendre accessible la poésie ?
La preuve est faite aujourd’hui que le Printemps des poètes a contribué largement au retour de la poésie dans l’espace public. Témoin non seulement de l’immense mobilisation partout en France et à l’étranger au mois de mars mais aussi le nombre sans cesse croissant de lectures, rencontres, salons du livre de poésie (...) La poésie est bien vivante, riche et multiple dans ses formes.
Les SMS, Facebook et autres applications représentent-ils une menace pour la langue de Molière ?
Je ne crois pas, à condition que notre effort ne cesse pas pour donner aux jeunes notamment le goût d’un autre usage de la langue, celui que manifestent la littérature et particulièrement la poésie.
Je pense qu’il y a toujours eu de multiples façons d’utiliser la langue (...).
Face au déferlement d’images, la prolifération d’écrans (tablettes…) qui peuvent conduire à l’abêtissement, restez-vous persuadé que la poésie sauvera le monde ?
C’est justement en raison de la puissante domination du divertissement, du spectaculaire superficiel, de la médiocrité souvent du monde médiatique, que je pense que la poésie est une objection pertinente, un appel et une proposition pour un autre usage du monde, un rapport plus profond au réel (...) La poésie, c’est d’abord un appétit du réel dans toutes ses formes, une conscience lucide et sans cesse au travail, un accord juste avec le monde naturel, le goût intransigeant de l’inconnu et de tous les possibles.
Comment rendre la poésie au cœur de l’éducation ? J’ai beaucoup écrit en tant que formateur d’enseignants notamment pour appeler à rénover l’enseignement de la poésie, pour que l’expérience du poème dès le plus jeune âge par l’écoute et la diction précède et donc donne un sens aux travaux purement scolaires de commentaires (...). La récitation normée, tâche souvent ingrate, satisfait mal à cette exigence, il convient à mon avis de multiplier les scénarios pédagogiques, vivants et dynamiques, par lesquels les enfants s’approprient le poème dans le plaisir et pour ce qu’il est, une parole adressée, une interpellation, un cri ou un chant. Et je crois que la poésie doit occuper une place centrale dans l’éducation parce qu’elle bâtit des consciences ouvertes et qu’elle institue un rapport heureux à la langue.»
Article complet à retrouver dans l'édition du Haut Anjou du 14 septembre 2018.
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