Pourquoi ressortir ce film de 1995, Guantanamera de Tomas Gutierrez Alea et Juan Carlos Tabio ?
Après avoir été chargé des ventes audiovisuelles de la série Mafalda, avec l’auteur de bande dessinée argentin Quino, je me suis demandé ce que j’allais faire. Je suis retombé par hasard sur Guantanamera. C’est un film qui a influencé mes choix d’orientation professionnelle. à l’université catholique de l’Ouest (Angers), j’ai préparé une licence d’espagnol traduction. En allant au cinéma le 400 Coups, j’ai été scotché par le film Guantanamera. J’ai pris conscience que je pouvais mêler études et cinéma.
Qu’est-ce qui vous a marqué dans Guantanamera ?
Cette comédie loufoque se moque de la bureaucratie cubaine, mais montre surtout comme la vie peut être belle malgré les circonstances absurdes. Ce dernier film de Gutierez mélange le burlesque au pathétique, au gré d’un road movie. Le film donne envie de refaire toute l’expédition folle des personnages. Au-delà du comique, Guantanamera permet de découvrir le vrai visage de Cuba.
Cette photographie de Cuba vous a donc poussé à acheter les droits d’exploitation ?
Oui dès fin 2017. C’est une comédie enjouée, indolente, très musicale, une vraie pépite. Et en même temps un documentaire. J’avais envie de sortir ce film parce qu’il s’adresse aux jeunes. Il est accompagné d’un dossier pédagogique et culturel disponible sur le site cinelangues.com Et puis, ce film a marqué mes années estudiantines. J’aime le cinéma espagnol (Pedro Almodovar...). Au 400 Coups à Angers, j’étais bénévole (ouvreur...).
Comment êtes-vous devenu traducteur ?
Voyant mon engouement, la directrice du cinéma 400 coups m’a invité à en faire mon métier. J’ai postulé à Colifilms qui achète les droits d’exploitation à l’étranger, et qui sort les films espagnols en France. La directrice de Colifilms cherchait un assistant. J’ai été embauché en tant que chargé de production (sous-titrage, affiches, dossiers de presse...) à Paris en 2000.
En quoi consistait ?
C’est du cinéma art et essai en V.O. traduit en français. On reçoit les listes des dialogues des films. On traduit et on adapte, car on ne lit pas un film, on le regarde. J’ai fait ça jusqu’en 2004. Je sous-titrais des films espagnols, avec 40 caractères maximum en une fraction de seconde.
Et distributeur, c'est comment ?
Sortir un premier film, c’est difficile. Démarcher les salles à Paris, quand vous êtes nouveau sur le marché, c’est la jungle, le bizutage. On te montre clairement que tu n’es rien, indique Fabien Gohier. C’est la règle dans ce métier. Et avec le numérique, s’il n’y a plus le problème d’avoir la copie du film, le nombre de distributeurs a, en revanche, lui explosé ». Fabien Gohier a acheté les droits de Guantanamera fin 2017 - une version restaurée en 35 mm - qui a bénéficié d’une aide du Centre national de cinématographie au titre du film de patrimoine. à force de démarchages et de partenariats développés (Canal+ ...), il sera diffusé dans plusieurs salles, notamment au 400 Coups à Angers. Il était en clôture du 27e festival latino américain à Biarritz le 29 septembre. Distributeur de films, c’est passionnant. Vous apportez quelque chose aux gens, de la culture et du contenu. Je me suis pris au jeu.
Fabien a deux ou trois films en tête pas forcément qu’espagnols.
Pratique - Guantanaméra sera projeté au Vox (Renazé) samedi 20 octobre à 21h, au Palace (Château-Gontier) dimanche 21 octobre à 20h15 (suivie d'un échange avec le distributeur), au Maingué (Segré) dimanche 21 octobre à 20h30.
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