Lise-Marie Chauvin, une Castrogontérienne (Mayenne) de 26 ans, revient d’un séjour humanitaire de deux ans en Afrique du sud. Elle travaillait dans un centre pour poly-handicapés à Johannesburg.
Bonne élève, Lise-Marie s’est orientée vers des études de maths/informatique. Elle décroche une licence, se lance dans l’enseignement. Mais voilà sa grosse déception :
Je vivais une grande frustration de ne pas pouvoir aider tous les élèves de la classe. Enseignant, c’est un métier qu’on ne laisse pas après avoir quitté la classe. Je rentrais chez moi, j’y pensais toujours au point de ne plus dormir.
Quatre mois après avoir été professeur des écoles, en 2016-2017, elle démissionne.
« On en sort grandi »
Une amie lui parle alors de l’ONG catholique Fidesco qui donne la possibilité aux jeunes de partir en séjour humanitaire en Afrique, en Amérique du sud ou en Asie.
Ce fut le bon moment pour moi. J’en avais envie depuis longtemps.
Après les formalités (entretien, consultation avec un psy, découverte culturelle, mise à jour du dossier médical, papiers, lettre de mission et demande de parrainage), Lise-Marie Chauvin s’envole de Paris vers Johannesburg (Afrique du sud) en octobre 2017.
Elle découvre, sur place, le centre Eden little, qui héberge 180 résidents, handicapés moteur et cérébral, âgés de 3 à 60 ans.
Les malformations et les odeurs ont été un choc. Mais petit à petit, le quotidien a pris le dessus. Du lundi au vendredi, moi et Marie, ma binôme psychomotricienne de Paris, nous les aidions à avancer par des exercices de thérapie, des jeux et du sport, et des activités artistiques.
Lise-Marie Chauvin :
Derrière le handicap de chacun, j’ai vu la personne. Je me suis attachée à eux. Ils communiquent beaucoup par le regard et perçoivent bien nos émotions. On ne peut pas tricher. Quand j’avais le “spleen” de ma famille ou de mes amis, ils me réconfortaient. » Des relations privilégiées sont parfois tissées. Au bout de deux ans, on s’oublie soi-même, et on en sort grandi. Moi et ma binôme nous apportions aux enfants le côté familial qu’ils n’avaient pas. »
« J’étais utile »
Les au revoir ont été déchirants en septembre 2019 :
Les larmes ont coulé. Dans les regards, se lisait la tristesse.
Même avec les collègues soignantes devenues des amies. Le retour en France, en septembre 2019, fut assez difficile :
A peine arrivée, on me demandait ce que j’allais faire. Alors que là-bas, je ne me posais pas la question. J’étais utile et la vie était plus simple.
Heureusement, Fidesco accompagne le retour et Lise-Marie a pu compter sur le « cocon familial ». Aujourd’hui, elle prend conscience :
Je garderai le meilleur de cette expérience, un certain lâcher prise qui nous manque en France, parce qu’on veut trop planifier nos vies.
En septembre 2020, Lise-Marie enchaînera sur un master management de la solidarité internationale et de l’action sociale à Angers (Maine-et-Loire).
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