Habitant de Nouméa, Joseph* est venu passer ses vacances à Combrée, chez des amis.
Depuis la métropole, il a vu son île s'embraser, en mai dernier. « Il y a un bras de fer autour de l'exploitation du nickel. Nous avons des réserves minières et métallurgiques mais on nous interdit de vendre ce produit. Nous ne savons pas à quel prix ni comment vont être vendus nos produits », résume le Calédonien.
Un système « injuste » déplorent les indépendantistes
Depuis la signature des accords de Nouméa, en 1998, certaines compétences de l'État sont attribuées au Caillou, qui possède son propre corps électoral. Une partie de ce dernier permet de voter lors des élections nationales, une autre vote aux congrès et aux assemblées de province puis le corps électoral spécial vote pour la consultation sur l'accession de la Nouvelle-Calédonie à la pleine souveraineté.
Au mois de juillet 2023, Emmanuel Macron avait promis une réforme de la constitution. Fin décembre, Élisabeth Borne, alors Première ministre, avait annoncé la réforme du corps électoral, pour les élections provinciales.
« Les non-indépendantistes ont été au pouvoir pendant quarante ans, ils n'avaient pas de problème avec l'organisation actuelle. Un gouvernement avec une petite majorité indépendantiste a été élu en juillet 2021. Et selon eux, le système est injuste », indique Joseph.
Éduquer les jeunes
« Avec la métropole, on a un drapeau commun mais, pendant des années, le lien n'a pas été travaillé », résume Joseph, depuis le château des Hommeaux.
Il faut apaiser « les cœurs et les esprits », résume-t-il. Et selon lui, cela passe par l'éducation : « Il faut revisiter les programmes scolaires pour inclure l'histoire du pays. La Nouvelle-Calédonie est un pays minier et on nous envoie aux mines, à Alès. On a des compétences ! »
« Nous devons avoir un message calme pour nous faire entendre »
Il déplore des opposants « antitout » et une violence accrue. « La jeunesse réagit. Il y a une détresse, cela fait six mois qu'ils sont sous pression. Il y a de la souffrance et de la frustration. Ils ne sont pas livrés à eux-mêmes mais on n'en fait jamais assez », indique Joseph.
« Ils sont sourds et aveuglés, incultes politiquement. Les grands doivent sortir pour arrêter les plus jeunes et leur faire comprendre qu'il faut écouter. Nous devons avoir un message calme pour nous faire entendre. »
« La France doit nous dire pourquoi elle veut rester »
8 000 milliards de francs pacifiques ont été gagnés dans le Pacifique et versés ailleurs lors des dix dernières années, selon le Calédonien. Il déplore aussi des réglementations qui lui semblent incohérentes. « On nous interdit de vendre aux Chinois mais l'État vend aux Indonésiens. L'État doit comprendre qu'il ne peut pas utiliser la Nouvelle-Calédonie. »
Il ajoute : « On a eu une histoire avant. La France doit nous dire pourquoi elle veut rester. Les indépendantistes souhaitent de la souveraineté partagée mais ne remettent pas en cause les cinq principes régaliens. Il faudrait recoller le corps électoral à la citoyenneté. On commence à dépolitiser mais le mal est fait. »
* Prénom d'emprunt
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