Il a le regard malicieux et, sous sa moustache grise, un faux air de Georges Brassens : il ressemble au grand-père dont tout le monde rêve.
Christian Serrurier, dit Chris, vit avec son épouse à La Bazouge-de-Chémeré depuis vingt-quatre ans, après avoir vécu en Seine-et-Marne. Et c'est vrai qu'il pourrait être un retraité parmi tant d'autres goûtant la douceur de notre département en laissant s'écouler les jours paisibles après avoir mené une vie bien remplie.
Ne vous y trompez pas, Chris est bien plus que cela.
C'est un maître pastelliste, ce qui veut dire que dans sa pratique de la peinture au pastel, il fait partie des meilleurs.
"À l'époque je voulais être menuisier ébéniste"
Quel incroyable parcours pour celui qui, né en 1947, entre en apprentissage à l'âge de 14 ans chez un oncle comme peintre en bâtiment. "À l'époque je voulais être menuisier ébéniste mais mon oncle était peintre décorateur, alors mes parents m'ont envoyé en apprentissage chez lui. Comme j'avais le sens des couleurs, ça m'allait bien."
Mais comment passe-t-on de peintre décorateur à maître pastelliste internationalement reconnu ? " Pendant mes loisirs je peignais des tableaux à l'huile, sans jamais avoir appris ou poursuivi des études dans une école de beaux-arts. J'étais fier de moi mais j'étais mauvais. Comme j'ai toujours aimé les couleurs, je me suis dit que je devais y arriver. Alors j'ai beaucoup, beaucoup travaillé. "
"Je peignais de 8 h à minuit. J'avais décidé que j'y arriverai"
Tout en poursuivant son activité salariée, Chris commence à se faire un nom et expose de plus en plus souvent. Un marchand de tableaux repère ses toiles et lui en achète pour les revendre aux enchères.
La notoriété vient avec une galerie de Montmartre qui lui prend des tableaux pour les revendre au Japon et aux États-Unis.
En 1986, il a alors 39 ans. Chris abandonne son premier travail pour se consacrer uniquement à la peinture.
" Un jour que j'exposais à Saint-Mandé, les invités d'honneur étaient Les Pastellistes de France et c'est là que j'ai découvert cette technique, qui consiste à dessiner avec des craies appelées pastel, avec les doigts sur un papier spécial. " C'est encore tout seul que l'artiste va s'initier à cette technique. " Je peignais de 8 h à minuit, tous les jours, et comme je suis très têtu, j'avais décidé que j'y arriverai."
Très vite il monte en qualité dans la pratique, au point qu'en 1999, La Société des Pastellistes de France lui décerne le titre de maître, une reconnaissance par ses pairs.
"Des stages pour apprendre les techniques de base"
Depuis, il n'arrête pas de peindre des tableaux d'une stupéfiante beauté : des natures mortes, des animaux, mais aussi des paysages à couper le souffle ou des marines.
" Je ne me suis jamais occupé des modes, je faisais ce que j'aimais et il se trouve que cela plaisait." Chaque année il expose, pour les vendre, une dizaine de ses œuvres dans les plus grands salons, en France ou à l'étranger.
Au Chili, en Australie...
Cet artiste qui a peint plus de 1 000 tableaux dans sa vie, dont certains sont exposés au Chili, en Australie ou au musée des Invalides, reste d'une incroyable simplicité. Pour preuve, il ajoute en souriant : " Moi qui étais un cancre à l'école, maintenant je donne des cours de pastel le mardi soir. Je fais aussi des stages avec des adultes débutants pour leur apprendre les techniques de base."
Et parce qu'il ne renie en rien ses débuts de peintre décorateur, à 77 ans, il vient de terminer le ravalement de sa maison qu'il a repeinte dans des tons chauds et lumineux, lui conférant un air de Provence.
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