On sent dans la voix des commerçants de la colère, beaucoup de colère, mais aussi du désarroi et un brin de fatalité. « Je la paierai, je n’ai pas le choix », lance par exemple Florian Goyer, le gérant du bar-restaurant le Royal, à propos de sa CFE, contribution foncière des entreprises. Lui a sans doute décroché « la palme » : + 491 %. Mais il n’est pas le seul à avoir vu cet impôt, propre aux commerçants, artisans et professions libérales, augmenter d’un coup et sans prévenir. Dans la rue Pasteur, la grogne monte petit à petit. « De 450 €, je dois désormais payer 950 €. Clairement je ne sais pas comment je vais pouvoir la régler », explique Lancelot Gabry, le gérant du magasin Games Park. Un peu plus loin, Marie Lanoë, elle, est plus radicale. La gérante du magasin “De l’autre côté du rideau”, pense à mettre la clef sous la porte. « C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Déjà, que nous n’avons plus personne qui vient dans nos magasins, que nos loyers sont aussi chers qu’à Angers. Je ne peux plus manger, je ne me verse plus de salaire. Je recherche une offre d’emploi et pense à laisser mon magasin.»
« Rétablir un oubli »
Ce ras-le-bol généralisé, cette colère, s’adressent directement à Gilles Grimaud, le président de la communauté de communes du canton de Segré (3CS). Le 24 septembre 2015, l’ensemble des conseillers communautaires, sauf Emmanuel Drouin, l’élu de l’opposition qui s’était abstenu, a voté favorablement à l’augmentation des montants de base qui servent à calculer cette CFE. Le législateur met en effet à la disposition des élus une fourchette de montants. La 3CS a décidé de retenir le montant maximal autorisé.
Selon Gilles Grimaud, cette décision visait à rétablir un oubli de la part des législateurs. « Depuis la réforme de la taxe professionnelle en 2010, ces contribuables professionnels avaient connu une baisse importante de leur participation . Jusqu’à 5 000 € pour certains. » Et le président de la communauté de communes tient à rappeler que les cotisations restent en deçà de celles d’avant 2009. Son adjointe aux finances ajoutait, à l’époque où la décision a été prise, que l’augmentation allait permettre à la collectivité de récupérer entre 165 000 € et 180 000€ de recettes supplémentaires.
« Cela n’a pas été crié sur tous les toits »
Si certains commerçants et artisans peuvent « comprendre la nécessité d’augmenter les impôts », ils ne digèrent pas le manque de communication dont ont fait preuve les élus et la brutalité de la hausse. « Un courrier, un flyer à l’époque auraient été les bienvenus. Surtout, certains comptables n’avaient pas été mis au courant. Et quand on lit la délibération, c’est du chinois pour nous », explique ainsi Marie Lanoë. Ce que confirme Dominique Raimbault, responsable du cabinet de comptabilité In Extenso à Segré. « Je n’ai pas souvenir, à l’époque, que nous ayons été informés de cette augmentation des bases. »
Sur ce point, Gilles Grimaud concède que « la décision alors n’avait pas été criée sur tous les toits. Mais la presse l’avait relatée. Et les comptables auraient dû prévenir leurs clients. » Quant à une augmentation progressive ? Le président admet que c’était une hypothèse envisageable mais qui n’a pas été retenue.
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