On avait oublié l'accord de libre-échange conclu entre l'Union européenne et plusieurs pays d'Amérique latine, dont le Brésil et l'Argentine. Lors d'une visite d'État en France, le président brésilien a vivement exhorté son homologue français à accepter l'accord. " Mon cher Macron, ouvrez un petit peu de votre cœur ", s'est exclamé Lula Da Silva qui a ensuite repris un argument souvent entendu : le Mercosur est la meilleure réponse à apporter au protectionnisme et la France y trouvera son avantage.
Emmanuel Macron ne veut certes pas porter atteinte aux excellentes relations qui unissent la France et le Brésil depuis deux siècles, mais il sait que le Mercosur fait sortir les tracteurs et bloquer les routes. De fait, la concurrence déloyale des produits sud-américains, en raison des différences de normes, menace les éleveurs de bovins et les aviculteurs, menace les sucreries françaises et plus généralement la santé des consommateurs en raison de l'utilisation de produits interdits en Europe.
Conscient du risque d'une nouvelle révolte paysanne, mais soucieux de rester fidèle à ses convictions néolibérales, Emmanuel Macron a repris la technique du louvoiement qui lui avait permis de sauver la face en 2024. Après avoir rappelé qu'il était " pour le commerce libre et efficace ", il a indiqué qu'il voulait " travailler pour des clauses de sauvegarde, des clauses miroir ". C'est là que nous entrons dans un brouillard. Emmanuel Macron fait comme si l'accord pouvait encore être discuté alors qu'il a été signé par la présidente de la Commission européenne. À Bruxelles, on affirme qu'il n'y a plus rien à négocier. Pour éviter le blocage annoncé par Emmanuel Macron, la Commission va présenter à ratification la seule partie commerciale de l'accord, qui n'implique pas un vote des États membres à l'unanimité. À Paris, on pourrait alors affirmer qu'on a tout fait pour soutenir l'agriculture française mais qu'il faut s'incliner devant le vote majoritaire. Le langage de la résignation peut-il être entendu par tous ceux qui sont menacés par le Mercosur ?
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