Château-Gontier. Exposition : redécouvrez Tancrède Abraham, maître de l'eau-forte au XIXe siècle

Une rue porte le nom de Tancrède Abraham à Château-Gontier, à l'intersection avec le boulevard d'Andigné, près du groupe scolaire Jean-de La Fontaine. Mais qui saurait dire aujourd'hui qu'il fut directeur du musée à partir de 1868 (à titre gracieux) ? En lien avec des collectionneurs, le Musée d'art et d'histoire du Pays de Château-Gontier propose un focus sur ce personnage né à Vitré le 7 janvier 1836. "Élève studieux, déjà, il dessinait beaucoup", remarque Georges Fouassier, l'un des collectionneurs, qui a acheté plusieurs œuvres de Tancrède aux enchères. La famille s'installe à Château-Gontier avant 1851, lorsque son père est nommé conservateur des hypothèques et receveur de l'enregistrement des Domaines. "Très tôt, Tancrède envisage une carrière artistique." Il part étudier la peinture à Paris en 1853.

La Ville de Château-Gontier-sur-Mayenne rend hommage, à "celui qui a immortalisé pour longtemps sa ville [...] par ses pinceaux et burins". - Philippe Simon

Une prédilection pour les eaux fortes

Si cette formation picturale ne contribue pas à l'orienter vers la tradition, ses études classiques, sa culture artistique et son érudition le portent vers les grands exemples du passé. Ainsi, il se lie avec des maîtres académiques. "Il peint son premier tableau en 1860." En parallèle, il se tourne vers la gravure, et notamment la technique de l'eau-forte, en 1870. "Il a dévoilé toutes ses qualités en la matière." La technique lui permet de développer sa production dans différents registres en dressant un inventaire inestimable ou album thématique sur les environs de Château-Gontier (1872), d'Angers (1873-1876), Besançon (1874-1875). "Il a nourri la documentation de la région par ses œuvres", observe Michel Morillon, autre collectionneur.

Tancrède Abraham "a nourri la documentation de la région par ses œuvres", observe Michel Morillon, collectionneur. - Philippe Simon

Il puise son inspiration à Château-Gontier et ses environs

Ses œuvres originales ont été régulièrement présentées, à partir de 1863, au Salon de Paris, et dans les expositions régionales de l'Ouest. Les critiques Théophile Gautier, Jules Janin ou encore Louis Leroy ont rendu hommage à son talent d'aquafortiste. Sa carrière artistique amène Tancrède Abraham à partager son temps entre Paris, Château-Gontier et ses environs, où il puise son inspiration. "À Château-Gontier, en centre-ville, il a acheté une maison bourgeoise rue Volney (ancienne école Saint-Louis-de-Gonzague), où une haute pièce voûtée du premier étage, équipée d'une grande verrière orientée au nord-est, lui a servi d'atelier, raconte Georges Fouassier, qui a fait des recherches sur le personnage. Il donnait des cours de dessin." C'est lui qui installa les collections du nouveau musée dans l'hôtel Fouquet.

Dernières années assombries

Les six dernières années de sa vie ont été assombries par "une trahison de l'amitié" avec un ami notaire, témoin à son mariage. Tancrède l'apprit plus tard, en 1890. Cet "ami" escroqua de nombreux clients avant de s'enfuir au Canada. Une longue maladie s'ajoutera au désespoir de Tancrède, qui est mort à Paris le 24 avril 1895 et inhumé au Père-Lachaise.

Cent trente ans après sa disparition, la Ville de Château-Gontier-sur-Mayenne rend hommage, par cette exposition rétrospective, à "l'un de ses habitants les plus talentueux et les plus remarquables, celui qui a immortalisé pour longtemps sa ville [...] par ses pinceaux et burins".

Pratique. Exposition "Tancrède Abraham, le sens du paysage", jusqu'au 21 septembre. Renseignements au 02 43 70 42 74.