Il existait à Bierné, au début du XXe siècle, une fanfare très active ; dès 1906, sa présence est signalée dans les pages des quotidiens régionaux. La Première Guerre mondiale ne tuera pas que les jeunes du village, elle assassinera également la musique. Comment un village peut-il vivre sans une fanfare toujours présente pour ponctuer les moments forts de la communauté ? Comment peut-il y avoir une cérémonie commémorative sans un orchestre pour y apporter une dimension solennelle ? Comment pouvait-on se passer d'un ensemble qui offrait, au-delà du divertissement, un mélange de toutes les couches sociales et de toutes les professions et le partage d'un objectif commun ? Il faudra attendre trente ans et la fin de la Seconde Guerre mondiale pour qu'une réponse soit apportée à ces questions.
Jean Meignan, le fédérateur
En 1946, Jean Meignan, artisan bottier, rentre de captivité. Avec un groupe de camarades commerçants, artisans et paysans, il décide de créer une nouvelle fanfare. Sacré challenge en période de restriction... mais monsieur Meignan, tromboniste averti, sait mobiliser : des dons permettent l'achat d'instruments. À Bierné, peu savaient déchiffrer une partition. Peu également étaient capables de tirer trois notes de musique d'un instrument. Aussi, dès 1946, Jean Meignan crée une école de musique et offre des cours de solfège gratuits pour les enfants et pour les adultes. En moins de trente ans, plus de 180 élèves vont ainsi recevoir chaque semaine un enseignement musical... et cet effort de transmission perdure encore.
Les Biernéens en avaient rêvé, l'harmonie l'a fait
En 1948, la fanfare compte déjà 52 musiciens. " Durant ces années, nous traversions une époque un peu euphorique, se souvient Camille Blanchouin. Les répétitions de la fanfare s'effectuaient alors dans les ateliers de monsieur Bodinier, constructeur de matériel agricole. À la musique s'ajoutaient des créations théâtrales. " Il manquait une salle, une scène, un lieu qui puisse accueillir le public dans de bonnes conditions. Sans argent mais avec de la volonté, de la solidarité, des dons, un emprunt et surtout la mobilisation de chacun, la société musicale construit une salle de concert qui devint par la suite une salle des fêtes. Le jour de l'inauguration, la salle n'était pas encore équipée de sièges et de planchers mais " bien couverte et bien fermée, elle était hospitalière ". Munie d'un tel équipement, l'Harmonie de Bierné fit son entrée dans la cour des grands. Pour son dixième anniversaire, elle fut classée en 3e division, 2e section.
Camille Blanchouin succède à Jean Meignan
En 1968, Jean Meignan disparait, victime d'une longue maladie. Camille Blanchouin lui succède. Nommé directeur de l'harmonie, il conservera ce poste durant quarante-cinq ans. À l'enthousiasme du temps des fondations, succède désormais l'objectif plus sage, mais plus difficile encore : celui de perdurer. Depuis le début des années 1970, le village perd ses jeunes, qui partent à la ville. La télévision occupe les soirées et les musiques à cuivre ont été " ringardisées " par l'apparition du rock, de la pop et de la variété... et des instruments électriques. Camille n'est cependant pas homme à se laisser décourager. Il va continuer à creuser le sillon et permettre à la fanfare de Bierné de survivre. En 1986, Bierné accueille le festival de musique tournant dans le Sud-Mayenne.
L'harmonie, une association toujours aussi active
Une page se tourne en janvier 2013 ; Camille Blanchouin décide de prendre du recul et confie sa baguette de chef d'orchestre à David Tellier. Claudine Viot, présidente de l'association cède, après vingt-deux ans de mandat, également sa place à Marie-Laure Darault. À 40 ans, le nouveau chef possède une solide expérience : dumiste dans le Segréen, chef de chœur de groupes à Saint-Nicolas de Craon et à Azé, chef d'orchestre à Bouère et Bierné et musicien amateur dans différents groupes instrumentaux et symphoniques. En 2018, Emmanuel Descol succède à David Tellier puis, en 2020, laisse sa place à Guillaume Page, qui verra sa mission aussitôt stoppée par la Covid. Emmanuel Descol, revenu diriger l'harmonie pendant une année, passe ensuite le témoin à Jean-Marc Cottet. C'est ce dernier qui dirigera l'orchestre le dimanche 9 novembre pour célébrer la Sainte-Cécile, patronne des musiciens.
Les répétitions ont lieu tous les jeudis de 20 h à 21 h 30 à Bierné. Si vous souhaitez rejoindre les musiciens, l'harmonie de Bierné-les-Villages sera heureuse de vous accueillir (Tél. 06.88.95.35.21).
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