«Seuls quelques-uns de nos résidents qui ont plus de 100 ans étaient nés lors de la guerre, mais les autres résidents ont témoigné des souvenirs qu’ils en avaient par rapport à ce que leurs parents et entourages leur ont dit. Ce qui est sûr, c’est que la Première Guerre mondiale, les a marqués», explique Sophie Vallais.
«Ce qui ressort en premier, c’est le fait que c’était un sujet tabou, compliqué à évoquer avec leurs parents et entourages. Il faut dire que toutes les familles ont perdu un père, un oncle, un mari... Ils en parlaient peu entre eux. Même à l’école, le sujet était à peine évoqué ou survolé. C’était encore trop frais visiblement. C’est ce qu’ils expliquent pour beaucoup en tout cas. »
Les femmes ont fait tourner les fermes
Autre constat des témoignages recueillis : «Les résidents faisaient beaucoup le parallèle avec la Seconde Guerre mondiale qu’ils ont davantage connue et expliquaient que les populations civiles lors de la Première Guerre mondiale ont été moins touchées qu’en 39-45», hormis celles proches des zones de combat bien évidemment.
Aussi, «une dame en discutant a remarqué que finalement beaucoup de femmes en 14-18 se sont retrouvées veuves ou célibataires jeunes et le restaient ensuite. C’est en parlant qu’elle s’est rendu compte de ça, de l’impact de la guerre, de longues années après, où les femmes se sentaient dans l’obligation de porter le deuil de leur fiancé ou mari perdu.»
Aussi, «beaucoup ont expliqué que devant le départ des hommes au combat, ce sont les femmes qui faisaient tourner les fermes. Et leurs maris quand ils sont rentrés “n’avaient pas leur mot à dire” m’ont-elles dit en rigolant !».
Des cartes postales de la doyenne de la Mayenne
D’autres souvenirs sont remontés chez les résidents comme tous ces décès après la guerre de soldats qui avaient subi les attaques au gaz, d’un père au combat qui expliquait avoir dû voler des pommes de terre dans des champs pour manger, ou aller courir avant de s’endormir dans une étable pour avoir chaud...
Une autre a expliqué que dans la famille de son père, seul ce dernier était revenu. Les corps de ses trois frères n’avaient, eux, jamais été retrouvés...
La doyenne de la Mayenne Marie-Louise Berthelot a elle dévoilé deux cartes postales de son père qui lui étaient adressées. Il la remerciait pour les colis envoyés, qu’il était en bonne santé (mais sans jamais évoquer les combats) et qu’il faisait tout pour rentrer à temps pour la communion de sa fille. Des mots tendres, dans un phrasé ancien, qui font hérisser le poil à leur lecture.
Tous ces témoignages seront à découvrir à la salle de l’Escale dans le cadre d'une exposition visible le week-end.
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