Le caporal Cyril Louaisil, de Ballots (Mayenne), 24 ans, est décédé le 18 mai 2011, en Afghanistan alors qu’il servait au sein de la Task-Force Lafayette - Battle groupe Richelieu depuis décembre 2010. Le Mémorial des combattants morts pour la France en opérations extérieures sera inauguré à Paris ce 11 novembre.
La famille, déçue par les autorités, ne s’y rendra pas.
Cyril Louaisil a été tué en Afghanistan par sa grenade qui a explosé accidentellement alors qu’il se baissait pour vérifier certainement la pression des pneus de son véhicule blindé (quatre autres soldats seront blessés et évacués vers l’hôpital de Kaboul).
Quelques jours après cette dernière mission, il aurait dû rentrer chez lui, où ses parents, ses deux jeunes frères et ses amis l’attendaient. Une fête se préparait même pour son retour.
La maladresse de l’Armée
« Il y a eu la vie avec Cyril, maintenant sans. Nous n’avons pas le choix, il faut reprendre », glisse son père Alain. Huit ans après, la blessure est toujours profonde, intacte. Si le soutien de leurs proches est toujours présent, « l’Armée l’est moins, elle ».
L’invitation à l’inauguration du 11 novembre à Paris du mémorial des combattants français où sera inscrit son nom (tout comme celui d’un autre soldat du sud-Mayenne et un de Laval, lire en page 6), n’a fait qu’amplifier ce sentiment d’abandon.
C'est bizarre cette façon de faire...
« Ce mémorial est une bonne chose. Mais l’invitation à l’inauguration beaucoup moins. On a reçu un mail de l’Onac qui indiquait que si nous voulions participer, il fallait qu’on en fasse nous-mêmes la demande… »
« C’est bizarre cette façon de faire. De plus, il aurait été impossible d’y aller avec ses frères, par manque de place… » Alors « on a refusé. Nous irons plus tard et en famille, avec ceux qui le souhaiteront ».
Pour raison inconnue
Une maladresse de l’Armée qui rajoute à leur peine.
« Le suivi avec l’Armée n’a duré que deux ans. On recevait encore quelques courriers et puis après plus rien. Il a fallu attendre trois ans même pour connaître la fin de l’enquête sur cette explosion, dont la cause reste “pour raison inconnue” est-il écrit. »
Et de poursuivre : « Aujourd’hui, il n’y a bien que le 2e Rima qui est présent (il est basé au camp Auvours, à Champagné-sur-Sarthe ; Cyril fut le 2e soldat tué en un mois de ce régiment). Il nous invite tous les ans à une commémoration. Sinon… »
Pas de médailles pour Cyril malgré les efforts
Autre regret : « Nous avons voulu que notre fils reçoive la médaille du combattant et celle de la reconnaissance de la Nation. Il remplissait tous les critères. Le problème, c’est que c’est lui qui doit en faire la demande… »
Et de conclure : « Ses frères d’armes du 2e Rima les lui avaient accrochées sur son portrait dans la caserne. Ils ont dû les lui retirer. On a tout essayé, écrit à tout le monde, de nos élus locaux au 1er ministre, mais rien n’y a fait. »
Cyril, tireur d’élite, avait pourtant brillamment participé aux missions, sauvant même plusieurs soldats de la mort. Il avait reçu deux citations pour ses faits d’armes. Cyril Louaisil avait tout de même été fait chevalier de l’ordre national du mérite, à titre posthume lors d’une cérémonie présidée par Gérard Longuet, alors ministre de la Défense.
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Des colis aux soldats en mission extérieure
Localement Cyril, très apprécié pour gentillesse, n’a pas été oublié. L’US Ballots, club de foot dont il a porté les couleurs, a donné son nom à un tournoi ; le lycée Victor-Hugo de Château-Gontier qu’il a fréquenté a dressé une plaque en son hommage ; une association a été créée. « Elle collecte des fonds pour soutenir les associations de combattants. Nous envoyons aussi des colis aux soldats en missions extérieures, etc. »
Cyril Louaisil et la mort Cyril Louaisil tenait un carnet où il écrivait des détails de ses journées, ses pensées, etc. Voici ce qu’il a notamment tenu à immortaliser sur papier : « La mort nous suit, on la combat, on la donne pour que les nôtres l’évitent. Un acte héroïque pour certains, le plus terrible des pêchés pour d’autres. On n’oublie pas, on vit avec et on passe outre. »
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