Trois hommes comparaissaient jeudi 5 juin devant le tribunal correctionnel de la Mayenne pour "aide à l'entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers d'un étranger". L'affaire a débuté après la plainte d'un jeune Tunisien, en situation irrégulière, pour menaces de mort et séquestration.
Le principal prévenu, un homme d'une soixantaine d'années résidant depuis longtemps en France, aurait été sollicité lors d'un séjour en Tunisie pour aider le jeune migrant à venir travailler dans l'Hexagone. Ce dernier transite par l'Italie, franchit la frontière à Vintimille, et est pris en charge à Nice. Le sexagénaire aurait financé son trajet jusqu'à Changé et payé une nuit d'hôtel.
Des soupçons appuyés par des preuves
Le dossier prend un tournant lorsque le migrant exprime le souhait d'obtenir des faux papiers. Un second prévenu, propriétaire d'un kebab, est soupçonné d'avoir proposé une fausse carte d'identité italienne, via des contacts à Paris. Des documents retrouvés sur son téléphone corroboreraient ce rôle. Le migrant aurait refusé cette fausse pièce, souhaitant des papiers français. Le troisième homme, assisté d'un interprète, est accusé d'avoir hébergé ou retenu le jeune Tunisien. Il conteste les faits, précisant qu'il n'a pas de domicile, et a bénéficié de la requête de relaxe du parquet à son encontre.
Face aux preuves matérielles - hébergement dans sa caravane, facture d'hôtel à son nom, photos du jeune homme retrouvées sur ses appareils - le principal prévenu nie toute implication volontaire et assure avoir conseillé au jeune homme de retourner dans son pays, niant avoir connu dès le départ sa situation irrégulière. Son casier comporte quatre mentions, sans lien avec l'affaire.
Pour le parquet, deux des trois hommes ont pris part à ce qui s'apparente à un réseau de trafic de migrant. Il requiert 18 mois de prison avec sursis. Les avocats réfutent cette qualification. "La montagne a accouché d'une souris", affirme Me Valentin Barreau, en soulignant que son client avait lui-même alerté la police après avoir été menacé par le migrant, et qu'il n'avait tiré aucun avantage de l'aide apportée. Le jugement a été mis en délibéré au 3 juillet.
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