Ancien conseiller municipal, Steven Croissant, 44 ans, est agriculteur au Chemin à Livré-la-Touche (pays de Craon) depuis 2009, à la suite de ses parents. "J'ai travaillé à l'extérieur pendant douze ans avant de revenir là où je suis né. J'ai connu le transport scolaire étant gamin pour aller à l'école à Livré, à 4km du domicile ; il venait me chercher avec mes six frères jusqu'à la ferme. Aujourd'hui, ça a bien changé", observe-t-il. Et pas forcément dans le bon sens.
"La campagne ne pèse pas lourd"
"Ce transport scolaire, c'était un réel service. Pendant une dizaine d'années, mes enfants l'ont emprunté quand ils étaient en primaire. On avait un avantage : c'était gratuit pour le troisième enfant. Le transport scolaire fonctionnait toujours, jusqu'à récemment."
Car la nouvelle est tombée il y a deux mois, "par téléphone". Steven Croissant a appris que le car ne fera plus sa tournée à la rentrée. "Évidemment, à force de mettre des contraintes (de la Région) - à plus de 1,3km du bourg, le car ne passait plus malgré la demande - on finit par ne plus avoir assez d'élèves pour justifier son existence."
Et d'ajouter : "Le car de ramassage pour quatre élèves, c'est insuffisant entend-on. La Région veut faire des économies et, dans le même temps, il est question d'une ligne Aléop entre Craon et Château-Gontier. On voit bien que c'est une histoire de priorité. La campagne ne pèse pas lourd face à la ville."
"Livré-la-Touche : un village qui vit"
Pourtant, "Livré-la-Touche, c'est un village qui vit, assure Steven Croissant. Avec ses 850 habitants environ, il y a du dynamisme : une école d'une soixantaine d'élèves, un club de football et, depuis peu, un tiers-lieu qu'anime ma belle-sœur, et qui ramène des enfants dans le bourg."
À terme, le Livréen craint que la décision de la Région ait un impact sur l'école ; cela l'horripile de voir que "son existence se joue à peu de choses, cinq, six élèves". Et de s'exclamer : "On ne vit pas mieux en ville. Un jour, les gens reviendront vivre à la campagne, j'en suis persuadé." On l'aura compris, l'agriculteur est un fervent défenseur de la ruralité.
"Capucine, notre fille, finira sa scolarité à l'école de Livré-la-Touche ; il lui reste encore deux ans à faire ici. Certes, ma femme, qui est enseignante à Cossé, aurait pu l'inscrire dans cette ville à la rentrée, mais on n'est pas comme ça. Je prendrai la voiture pour emmener ma fille à l'école à Livré."
Mais cela engendrera des frais de garderie pour la famille Croissant de Livré-la-Touche. "On espère que ce sera à la carte, sur réservation. On ne veut pas d'un forfait à l'année." Steven Croissant confie : "On aurait préféré payer la part de notre fille pour conserver le transport scolaire, sauf qu'il n'y a pas eu de concertation."
La règle de cinq élèves minimum
Daniel Gendry, conseiller régional des Pays de la Loire, en charge du transport en Mayenne, et maire de Niafles, explique : "On applique le règlement de la Région, qui veut que quand on a des transports scolaires avec des enfants du primaire inférieurs à cinq, on ne prend plus. C'est un problème de coût tout simplement. Budgétairement, ce n'est pas possible, d'autant qu'aujourd'hui, on (l'État) demande aux collectivités d'être moins dépensières. Cette décision de la Région était inscrite depuis longtemps."
Daniel Gendry déclare comprendre que "c'est compliqué pour les parents ; c'est clair. Mais c'est une règle qu'on va appliquer à Livré-la-Touche". L'élu affirme que "les maires ont été avertis en février dernier, et ce afin qu'ils voient ce qui peut être fait sur leur commune. Il y en a eu qui ont su motiver les gens", laisse entendre Daniel Gendry.
"Une baisse démographique"
Daniel Gendry conclut : "Maintenant, si les gens des services de la Région appellent, c'est pour pousser les gens à anticiper. Et derrière, il y aura un courrier. Le territoire rural est touché par une baisse démographique. En Mayenne, il y a un certain nombre de communes dont les circuits sont ainsi supprimés. Peut-être faut-il réfléchir au regroupement pédagogique, ce qui gonflerait le nombre d'élèves transportables."
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.