Une journée de mercredi, en 1900, Frederick Ferrand Ferron, 21 ans, coutelier à Paris, revient à Segré pour participer au tirage au sort des conscrits. Ce dernier, très enthousiaste à l'idée de pouvoir servir son pays, va prendre le déjeuner dans l'hôtel dit de la gare avec son ami Alexandre Deshais, lui-même déjà engagé volontaire dans l'infanterie marine, ainsi que deux autres compagnons.
Une histoire de drapeau
Le repas terminé, les quatre hommes bien avinés se rendent à la sous-préfecture pour participer au tirage au sort. Tout ce petit monde se montre très enthousiaste à l'idée de pouvoir s'engager et défendre leur pays. En chemin, deux des jeunes hommes commencent à se quereller pour une histoire de drapeau.
L'un d'eux, monsieur Ferron, orne fièrement le drapeau français lorsque l'un de ses amis souhaite prendre le drapeau pour le porter à sa place. Ce dernier refuse et la rixe commence. Les insultes vont bon train et les coups ne tardent pas à suivre. Monsieur Ferron, en excès de zèle, frappe monsieur Delêtres de plusieurs coups de poing.
Un coup porté à la tempe
Paul, un de leurs amis, intervient pour calmer l'affrontement. Ferron lui porte un coup de tête en guise de remerciement. À ce moment-là, Alexandre Deshais, le dernier des compagnons, trop heureux de pouvoir s'engager, se décide à calmer tout ce petit monde échauffé par l'alcool.
C'est alors que le dénommé Ferron, encore lui, frappe de toutes ses forces Alexandre Deshais à la tempe. Le jeune homme s'écroule immédiatement et meurt presque sur le coup. Même le médecin Chevallier, arrivé en urgence, ne peut rien faire pour lui. Le coup a été violent.
Un homme "gentil et serviable"
Immédiatement arrêté, le jeune homme assume tout. Il n'est pas connu des services de polices, a une excellente réputation autant à Segré que dans son quartier à Paris. Il est dépeint comme travailleur, homme de confiance, gentil et serviable. L'incompréhension se lit sur le visage des enquêteurs. "Comment un jeune heureux de pouvoir hisser le drapeau de l'armée française a pu tuer son ami en le frappant de toutes ses forces ?"
" Mon client est le premier à déplorer la situation ! "
Pour sa défense, ses avocats vont insister sur le caractère non intentionnel de son action : " Mon client est le premier à déplorer la situation ! " Le jury conclut que l'intentionnalité n'est pas présente, et que ce n'est simplement qu'un mauvais coup.
Ferron est acquitté et relaxé immédiatement tandis que le père d'Alexandre Deshais fustige la relaxe du jeune homme, pleurant à la sortie du procès.
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