Originaire du Bourg d'Iré, Haute-Saône, Henri Guiblais travaille en Haute Saône avant de venir à Ingrandes sur Loire puis à Candé au début de la guerre. Le 16 décembre 1939, il reçoit sa feuille de mobilisation et rejoint la base navale de Lorient. Mécanicien diesel, il sert successivement sur plusieurs navires, dont l'aviso Commandant Bory, qui détruira le sous-marin italien Provana en juin 1940.
"Tous les jours, il fallait faire des exercices de fusil et de la théorie sur le fusil-mitrailleur"
La Gazelle, La Martinière, un ancien bateau aménagé pour le transport des des forçats de France en Guyane, et Le Chamois sont des navires qu'Henri Guiblais a connus. Henri Guiblais aura bénéficié de quelques permissions.
Le 28 mai 1940, il est affecté à une compagnie d'alerte anti-parachutistes. "Tous les jours, il fallait faire des exercices de fusil et de la théorie sur le fusil-mitrailleur. Je me demande si ça servait à quelque chose". Mais les jours suivants marquent le chaos : incendie des cuves à mazout de l'arsenal, le 18 juin, évacuation du dépôt, puis le 21 juin, capture par les Allemands à Lorient. "Une journée que je dois pas oublier" écrit Henri Guiblais. Henri est conduit, avec des milliers de prisonniers, vers plusieurs camps de regroupement (Pont-Scorff, Hennebont).
Le 30 juin 1940, alors que certains prisonniers sont démobilisés, il reste interné. Les conditions sont précaires : peu de nourriture, abris de fortune, travail forcé à Lorient. Le 27 septembre, il vit son premier bombardement britannique sur l'arsenal. En décembre, il reçoit ses premières soldes (384 francs) et parvient à améliorer son quotidien en fabriquant et en vendant des bagues en aluminium. Henri Guiblais très habile de ses mains va fabriquer une splendide maquette d'un bateau que la famille garde précieusement.
"Enfermé dans le wagon, on n'a pas vu voir toutes les villes"
Le 11 janvier 1941, Guiblais est transféré vers l'Allemagne. Le voyage en wagon à bestiaux dure trois jours, jusqu'à Nuremberg. Au départ de la caserne de La Bourdonaye à Vannes, ils vont passer par Redon, Rennes, Versailles, Château Thierry, Vitry le François... Schifferstad. "Enfermé dans le wagon, on n'a pas vu voir toutes les villes". Il arrive à Nuremberg. Il est affecté un temps au camp de l'Oflag dans un commando de travail. Il décharge les wagons, pioche et transporte des madriers à longueur de journée, sous la neige, avant d'être envoyé dans une fabrique de câbles électriques à Roth, aux côtés de 300 ouvriers allemands.
Il écrit à sa famille à partir de février 1941, mais reste sans nouvelles jusqu'en avril. Quelques colis lui parviennent de Combrée, de Challain la Potherie. Un colis va lui faire chaud au coeur. "Celui d'un copain que j'avais accueilli dans ma cabane". En mai, Nuremberg est bombardée. Tandis que certains anciens combattants sont autorisés à rentrer en France, lui reste prisonnier. Les tentatives d'évasion se multiplient autour de lui, certaines réussissent.
Ses dernières notes datent du 25 octobre 1941. Ensuite, le carnet s'interrompt. La date de son retour n'est pas mentionnée.
Après-guerre
Henri Guiblais reviendra en France et se mariera le 22 mai 1943. Lui va travailler chez Delhommeau, une entreprise de transports à Candé. Son épouse tiendra un café à la Grée Saint-Jacques jusqu'en 1965. De ce café reste toujours la licence 4 de débit de boissons au profit du club de foot local nouvellement créé avec la fusion des deux clubs candéens l'US et le Réveil, qui ont racheté cette licence. Sa fille, Nicole Ploteau, indique que son papa n'a jamais parlé de la guerre. Elle conserve ses documents de captivité : dessins, cartes postales, fascicules. Parmi eux, le menu cocasse du banquet du 9 septembre 1945 à Challain-la-Potherie, célébrant le retour des prisonniers de guerre, avec des plats aux noms ironiques comme Singe à l'écarlate, Kokotes sauce Stalag ou encore Rôti de W.H., Herbes variées de Kommandos, patisseries Bavaroises, Kaffée, Schnaps, ... et du rouge en carafe de Saint Lambert, cru 1938.
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