L'émotion était palpable, lors de la commémoration du 11-Novembre, à Pouancé. Marie Pigrée et Simone Giteau étaient présentes pour honorer la mémoire de leur grand-père, Théodore Hallet. Une plaque en son honneur a été dévoilée en marge de la cérémonie commémorative de l'Armistice de 1918.
Théodore Hallet est victime civile de 1940. " Nous savions qu'il avait été tué par les Allemands mais sans connaître les circonstances de sa mort. Dans notre jeunesse, nous parlions peu du passé à la maison et nous, les enfants, nous étions plus habitués à écouter qu'à prendre la parole à poser des questions", confie Marie Pigrée. Elle se dit " très émue de connaître désormais l'exactitude de son décès. Tout a commencé par une rencontre fortuite avec Christophe Bréget dans un rayon de supermarché".
Un sacrifice "silencieux et oublié"
Ce dernier, passionné d'histoire et membre de l'association Patrimoine et Culture de Pouancé, préparait avec d'autres férus d'histoire le 80e anniversaire de la Libération de Pouancé. Par la suite, tout s'est enchaîné. Il disposait donc d'informations sur cet habitant du Pouancé, au destin mal connu, même par sa famille.
Pierrick Esnault, maire d'Ombrée-d'Anjou, parlera de " l'hommage à un homme dont le nom, jusqu'à aujourd'hui, n'avait pas trouvé place sur notre monument aux morts, mais dont le sacrifice, bien que silencieux et oublié de notre mémoire collective, mérite pleinement d'y figurer".
Blessé au combat puis réformé
Théodore Hallet est né le 8 novembre 1886 à l'Hunaudière, à Sion-les-Mines (Loire-Atlantique). Il sera cultivateur à Erbray (Loire-Atlantique) puis à Eancé (Ille-et-Vilaine). Il sera mobilisé en août 1914 puis blessé au combat, le 27 août 1917, à Vauquois. Un éclat d'obus lui causera une perte de mobilité des deux extrêmes de la main droite. Il sera réformé temporairement puis définitivement en 1919.
De retour au pays, il se marie, à Armaillé, le 7 janvier 1920 avec Rose Marie Angèle, originaire de Chazé-Henry. Ils habiteront un moment à Vergonnes, à la Chauvaie. Eugène naîtra de cette union, puis Marie-Angèle, qui décèdera tragiquement à l'âge de 2 ans et demi. Ayant repris son métier de cultivateur, Théodore Hallet s'installera plus tard avec son épouse à Ganiche, à Pouancé.
Eugène grandit et c'est à nouveau la guerre. Septembre 1939, il est mobilisé au 42e RIC et, le 17 juin 1940, Eugène est fait prisonnier et déporté en Allemagne au stalag II A. Il ne reviendra à Pouancé que le 4 juin 1945. Mais entre-temps, dans le courant de l'été 1940, il aura appris la mort de son père, le 23 juin 1940, quatre jours après l'arrivée des Allemands à Pouancé. "C'était le 21 juin, un vendredi, vers 15 h. Vous vous rendiez avec votre ami de la Cartaie, Jean-Baptiste Salmon, faire les foins, au pré près de la ferme Champion. Vous longiez le bas-côté de la route allant vers Châteaubriant, entre la Promenade et Champion. Vint à passer une colonne de camions de l'armée allemande encadrée de side-cars. À grande vitesse, un side-car voulut doubler l'un des camions. Au moment de doubler, le pilote du side-car s'engagea sur le bas-côté où vous vous trouviez avec Jean-Baptiste. Le conducteur perdit le contrôle de son véhicule qui vint, Théodore, vous projeter violemment à terre. Le soldat allemand fut lui aussi grièvement blessé. Le docteur Jourdin vous prodiguera les soins nécessaires, mais transporté à l'hospice de Pouancé vous décédez deux jours plus tard ", explique le maire d'Ombrée-d'Anjou, Pierrick Esnault.
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