L’association citoyenne s’est constituée il y a quatre ans. Elle a œuvré pour la transition énergétique.
Il y a deux ans, elle a pris une autre orientation : l’accueil de jeunes migrants. «Nous étions déjà sensibilisés à la question de ces gens prêts à fuir leur pays au péril de leur vie», explique Jean-François Brillet et sa femme Christine. Une rencontre avec Elisabeth Griot, de Grez-Neuville, qui a accepté des missions pour Médecins sans frontières à Calais, a fini de les convaincre d’aider.
Ils arrivent à Laval «par hasard»
Jean-François Brillet, bénévole au niveau du local d’accueil d’urgence de Craon, a pu discuter avec des jeunes migrants. «J’avais envie d’entendre leurs témoignages. Mais ils arrivent cassés. Je me souviens de l’un d’entre eux, qui a parlé 20 minutes sans jamais redresser la tête. C’était à peine audible. Il n’était pas bien physiquement, mais encore moins psychologiquement...»
Les migrants arrivent souvent à Laval «par hasard», puis sont dirigés vers Craon par le 115 (le Samu social) qui essaie de leur trouver un logement. «Un Camerounais nous a dit qu’il avait décidé de venir à Laval, car il se souvenait qu’un joueur de football de son pays, un certain François Omam Biyik, avait joué à Laval. C’est vous dire si quand ils arrivent ici ils ne connaissent personne et sont dans la plus grande précarité !», souligne Vincent Guillet, membre.
Cinq jeunes et des dizaines de bénévoles
Le problème c’est que les jeunes migrants n’ont aucun statut. Pour qu’ils soient pris en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE), il faut que le juge détermine si le jeune non accompagné est mineur.
En attendant, dans ce “no man’s land” juridique, «nous avons décidé d’organiser un roulement entre plusieurs familles pour les accueillir.»
Une douzaine de familles de Craon, Fontaine-Couverte, La Selle-Craonnaise, Niafles se sont alors organisées pour leur tendre la main.
Deux jeunes hébergés étaient du Mali, un du Congo, un de Guinée et un couple de Kosovars (avec un enfant et la femme enceinte de huit mois).
«Nous les aidons à monter des dossiers, certains sympathisants leur donnent des cours, d’autres les transportent... Nous les emmenons voir des spectacles...»
Cet accueil de mineurs sans statut : légal ou pas légal ? Les membres ne le savent pas eux-mêmes. «On n’en sait rien. On s’en fout d’ailleurs d’aller en prison si c’est pour avoir accueilli des jeunes migrants en difficulté et qui n’ont personne vers qui se tourner.» Car ils le rappellent : «Ils ne partent pas par plaisir, mais souvent pour fuir les exactions de Boko Haram et Daesh et des violences familiales.»
Rencontrez les migrants et familles le 15 décembre
L’association citoyenne organise une rencontre le vendredi 15 décembre à la médiathèque de Craon, à 20 h. Des jeunes migrants seront présents. «Nous n’avons pas envie d’axer sur leurs parcours difficiles et traumatisants, mais sur ce qu’ils ont trouvé ici. Les familles expliqueront elles aussi ce que cet accueil leur a apporté, car c’est énorme !», souligne Vincent Guillet.
L’entrée est ouverte à tous et gratuite.
La réunion a été baptisée “Pays de Craon, pays d’accueil”.
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