Stéphane Guioullier, président de la chambre d'agriculture de la Mayenne, peste contre la loi qui oblige à partir de 2020 les agriculteurs de ne plus traiter à moins de 10 m des habitations (ou 20 m pour les 0,3% des produits utilisés aujourd’hui les plus dangereux). Une décision qui impacte la Mayenne, département rural par nature.
Encore une fois, ce sont les excès qui font la loi ! Pour quelques comportements non conformes d’agriculteurs, on en sort une loi qui impacte tout le monde. c’est une nouvelle difficulté qui s’ajoute à nos exploitations locales tournées vers la polyculture et l’élevage aux dimensions familiales.
Le décret du 29 décembre 2019 oblige les agriculteurs à ne pas traiter dès ce 1er janvier 2020 à moins de 10 m (ou 5 m suivant les cultures et produits), les terres proches des habitats. Signalons que certaines distances pourront être réduites en fonctions de chartes départementales (1).
L’entretien de cette bande dans le viseur
Stéphane Guioullier est d’autant plus amer que :
En Mayenne, la cohabitation avec les riverains se passait bien. On subit une loi nationale qui ne s’imposait pas chez nous.
Il n’a pas fait les comptes sur la surface totale perdue en Mayenne :
Chaque agriculteur verra par lui-même le nombre d’ares et d’hectares perdu
Cependant, il pointe du doigt l’un des futurs soucis de ce décret :
Il ne sera plus intéressant de semer du blé si on ne peut désherber et y traiter avec du fongicide. Au final, ces 10 m vont se transformer en bande enherbée qui ne sera pas entretenue jusqu’à la moisson du blé. Elle sera propice au développement du rumex et chardon.
Pour le président, il aurait fallu tenir compte de certaines spécificités : « Quel est l’intérêt de ne pas traiter sur 10 m quand le voisin à une haie de 4 m de haut et 2 m de large ? »
« Il y a une défiance qui monte »
Stéphane Guioullier indique que ce nouveau décret provoque :
Un ras-le-bol des agriculteurs, y compris contre leurs organismes de représentation. Il y a une défiance qui monte. Mais leur rôle a été prépondérant car nous avons réussi à ramener un peu de raison dans ce débat où au départ, il était question de 150 m (le débat est parti de l’arrêté municipal de la ville de Langouët qui demandait 150 m de bande). Heureusement, on a su demander au gouvernement d’écouter les scientifiques de l’Anses (l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Mais il est clair : ça reste 10 m de perdus !
(1) Justement, la Chambre d’agriculture a travaillé une charte départementale qui sera signée en janvier. « Celle-ci a un peu moins de poids aujourd’hui avec le décret qui vient d’être acté, mais elle a le mérite d’exister. » Le président regrettait que les associations écologiques, qui ont travaillé dessus, ne souhaitent cependant pas la signer.
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