Mardi 20 mai, le tribunal de Laval, siégeant en juge unique, a condamné un homme de 39 ans à douze mois de prison avec sursis probatoire pour des violences, dont sa propre fille de 2 ans a été victime. Un dossier douloureux, où se mêlent maltraitance infantile, fragilité psychologique et parcours de vie brisé.
" Tu vas fermer ta g... "
Le prévenu, père de famille sous curatelle, comparaissait d'abord pour des violences conjugales. À deux reprises, il a frappé sa compagne. Cette dernière, cependant, n'est pas exempte de tout reproche, ont relevé les magistrats. Mais c'est bien l'attitude de cet homme envers sa fille qui a provoqué le plus d'émotion à l'audience.
Les premiers signaux d'alerte sont venus d'une voisine, témoin de cris et de hurlements provenant du domicile : " Tu vas fermer ta g... ", hurle l'homme à l'enfant. Puis c'est l'assistante maternelle qui donne l'alerte en découvrant des bleus et des lésions aux oreilles de la fillette. Une première composition pénale avait été mise en place pour enrayer les violences, mais sans succès.
"Comment être parent quand on souffre de troubles psychiques lourds ?"
Lors de l'audience, le prévenu, visiblement très émotif, répond posément aux questions de la présidente, qui prend soin de s'assurer qu'il comprend bien chaque point. Il reconnaît avoir secoué sa fille et l'avoir poussée contre le rebord du lit. Le diagnostic médical fait état d'un jour d'incapacité totale de travail (ITT), révélant clairement l'intervention d'un tiers. L'homme, dont les tremblements continus laissent entrevoir une réelle souffrance, est suivi médicalement. Lui-même a connu une enfance marquée par la violence, passée en partie en famille d'accueil.
L'avocate représentant l'enfant et le conseil départemental insiste sur l'impact psychologique des violences. La fillette, aujourd'hui, se frappe elle-même. Elle n'a, selon les mots de la défense, " connu que la violence depuis sa naissance ", et risque de garder des séquelles à vie.
Le parquet, s'il s'inquiète de l'attitude du père, reconnaît une altération du discernement liée à ses troubles psychiatriques. La défense, de son côté, pose une question cruciale : " Comment être parent quand on souffre de troubles psychiques lourds ? Comment accompagner ? "
Le tribunal a prononcé une peine de douze mois avec sursis probatoire, assortie d'obligations de soins. Le prévenu ne pourra plus entrer en contact avec sa compagne ni avec sa fille, sauf dans les conditions strictes définies par la justice. Il se voit également retirer l'exercice de l'autorité parentale : il pourra voir sa fille, mais n'aura plus voix au chapitre concernant ses choix éducatifs.
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