Entre aplomb formidable et digressions hors sujet, Richard Flament en aura agacé plus d'un à la barre du tribunal correctionnel de Laval jeudi 14 juin. Que ce soit le président Bruno Thouzellier, à qui il coupe la parole ; le procureur Guirec Le Bras, parce qu'il répond à côté et use souvent de l'argument de ses problèmes de santé ; ou Patrick Gaultier, le maire de Renazé, présent à l'audience, lorsqu'il évoque la commune, où il y a «beaucoup d'alcoolisme et de filles violées».
Sans filtre, l'ancien médecin et maire de la cité des ardoisiers comparaissait pour escroquerie, poursuivi pour avoir détourné 150 000 euros aux assurances maladie.
Sept caisses de remboursement ont ainsi été escroquées.
Au cœur des faits : les cartes vitales de ses patients. Il lui arrivait de les passer plusieurs fois dans le boîtier de télétransmissions ; de les emporter, après une visite à domicile ou en maison de retraite, pour les rendre plusieurs jours plus tard ; il rendait également des visites injustifiées à ses patients, pour se faire facturer un acte ou des frais kilométriques. Parfois, il faisait signer plusieurs feuilles d'actes de soins pour une seule consultation. La plupart des patients visés étaient considérés comme vulnérables, car âgés et/ou handicapés.
Vache à lait
Son agenda papier et son équivalent électronique ont fait état de différences entre les rendez-vous avec les patients et les actes facturés. Le médecin aura même réussi à se faire facturer des actes dont les dates coïncident pourtant avec ses vacances à Dubaï. «Le fait est que le docteur Flament a maintenu son train de vie considérable en prenant l'assurance maladie pour une vache à lait», relève maître Georges Holleaux, avocat des caisses primaires de la Mayenne, de la Loire-Atlantique et de Maine-et-Loire.
«Escroc et fraudeur délibéré avec un ego incroyable» pour ce dernier, Richard Flament est décrit comme «un notable qui ne supporte pas d'être remis en cause, qui peut tout se permettre sur son territoire» par le procureur Guirec Le Bras. «Dans le mécanisme de fraude, le choix de ses victimes, le mépris de ses victimes, il n'y a aucune limite.» Le représentant du Parquet souhaite une sanction importante, mais tient également compte de l'état de santé du prévenu. Il requiert trois ans d'emprisonnement avec une part,voire la totalité avec sursis.
Atteinte à l'honneur
Maître Bernard Bouliou, représentant la défense, a demandé une exception en nullité. Il dénonce une enquête «partiale» et regrette que son client ait déjà été «mis au ban de la société». «Ce procès est une atteinte à ma vocation professionnelle, à mon honneur, ce qui m'est intolérable», a conclu Richard Flament.
Déclaré coupable, l'ex-premier magistrat renazéen est condamné à deux ans avec sursis. Il devra rembourser les caisses d'assurances maladies. Ses droits civils et civiques lui sont privés pour cinq ans. En outre, son appartement parisien est confisqué.
Kristell Le Gall
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