« C’est quand j’ai lu dans différents journaux que mon pronostic vital avait été engagé que j’ai réalisé ce que j’ai dû faire vivre à ma famille. J’ai été choqué quand on m’a raconté que lors de mon évacuation en hélicoptère, mon petit garçon de 5 ans criait “Accroche toi papa !” ,» explique en larmes Adrien Fouassier. Il le reconnaît, l’accident l’a changé. « Je suis devenu beaucoup plus émotif, je pleure pour un rien. »
« Son arrière-main a écrasé ma tête »
Le 30 avril dernier, le jockey de 30 ans, très expérimenté (aux 90 succès par an ; dans le top 10 des meilleurs jockeys de plat), tombe en plein tournant au Lion-d’Angers alors que son cheval est lancé. « Il avait fait beau les jours précédents mais il avait un peu plu avant. Le terrain était glissant, mais de très bonne qualité. Mon cheval a tout simplement glissé. » Et il lui a roulé dessus. « Je pense que son arrière-main m’a écrasé la tête », explique-t-il en regardant la vidéo de sa chute.
Adrien Fouassier, sous les yeux du public et de sa propre famille (sa femme et ses deux enfants), gît inconscient sur la piste. Très vite, il est évacué. Les courses sont, elles, annulées. « J’ai très bien été pris en charge. Je ne remercierai jamais assez les personnes présentes ce jour-là. Maintenant que je vais mieux, je compte aller les saluer. »
« On a dit que je ne passerai pas la nuit »
Adrien Fouassier souffre d’un énorme hématome cérébral sur la partie frontale. C’est très grave. « On a dit à ma famille que je ne passerai pas la nuit. » Après Château-Gontier, il est évacué vers Angers. « Je n’étais pas transportable, mais on a pris ce risque... »
Lui ne se souvient de rien. « Apparemment j’ai repris connaissance le mardi, mais je n’ai réellement des souvenirs qu’à partir du vendredi d’après... »
Aujourd’hui tout va mieux. « J’ai de la chance de n’avoir aucune douleur ! » Pas de rééducation, pas de kiné, pas de médicament. Rien. Du repos uniquement. Et du soutien qu’il trouve auprès des siens à Congrier.
Deuxième accident grave
Il s’agit du deuxième accident grave pour le natif de Mantes-la-Jolie (ses parents se sont installés à Port-Brillet quand il avait deux ans, NDLR).
En effet, déjà, le 21 septembre 2009, il avait lourdement chuté. C’était à Craon. « La chute avait été beaucoup plus spectaculaire. J’avais atterri sur la lice. Je souffrais d’une triple fracture du genou et j’avais le bras défoncé. »
Adrien était revenu au plus haut niveau par la suite. « Pourtant au départ, on m’a dit que je n’y arriverai pas avec ma jambe. Que ça ne se remettrait pas. Puis j’ai rencontré un chirurgien super qui m’a dit : “Dans un an, tu remonteras”. Moi dans ma tête je m’étais dit : «Dans six mois, j’y retourne” car il faut toujours se donner des objectifs, je ne supporte pas de ne pas m’en mettre. Et puis finalement j’ai remonté deux mois et demi après ! »
Il avait alors continué son ascension et était devenu le jockey numéro 1 d’Alain Couétil, installé au Cergo (Centre d’entraînement régional de galop de l’ouest).
« Je pense qu’aujourd’hui, à 30 ans, ça va être plus dur de revenir, mais je vais y arriver. Personne n’y croit. Mais je sais que je vais réussir. »
Devenir entraîneur en 2020
Cet accident aurait pu être l’élément déclencheur pour devenir entraîneur, un projet qui lui tient à cœur et qu’il prépare depuis plusieurs années. Il a en effet déjà racheté les anciennes écuries de Gérard Margogne qu’il loue à Alain Couétil.
« Je veux courir encore. Je ne veux entraîner qu’en 2020. Je veux me prouver que je peux revenir, et au passage le prouver aussi à ceux qui ont dit de moi que j’étais fini. J’ai la chance inouïe de faire un métier que j’aime. Je veux continuer même si les dangers sont là. » Il envisage de reprendre l’entraînement et la compétition en août. Il espère obtenir les mêmes résultats qu’après son premier accident. « J’avais gagné dès ma première course après ! »
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